L'abeille noire Française

Pourquoi l’abeille noire Apis Mellifera Mellifera ?

Lorsque j’ai débuté l’apiculture, j’ai fait comme de très nombreux apiculteurs amateurs, j’ai acheté une ruche chez un apiculteur local qui me l’a vendu comme abeille noire. Bien évidemment il n’en était rien, mais je n’y ai vu que du feu… j’avais donc ma ruche d’abeille "locales" croisées avec tout ce qui a pu passer dans le secteur avec les introductions de races des apiculteurs voisins : Buckfast, Carnica, Caucasica et même de l’abeille noire.
Voulant bien faire, j’ai suivi un stage de conduite du rucher auprès de mon GDSA. Bien sûr, j’ai réussi à produire une autre colonie, introduire une reine du commerce, traiter le varroa à l’amitraze, nourrir au candi et sirops du commerce apicole ; mais une fois tout pesé et à la sortie de l’hivernage, toujours le même résultat : une mortalité trop élevée de mes colonies.

Qu’est ce qui ne va pas dans ma façon de conduire mon rucher, pourquoi tant de mortalité, pourquoi mes abeilles sont si dépendantes ? 

Il m’a fallu du temps pour arriver à la conclusion que c’est ma méthode de travail qui produit ces effets-là, cette fragilité.
Alors bien sûr, en apiculture on exploite des ruches pour produire du miel ou des essaims. On va donc élever un insecte semi-domestiqué dans ce but et favoriser son développement dans l’environnement de travail qui nous convient aussi. Mais je pense que quand on aime ses abeilles (noires ou pas), il faut faire des choix pour allier la production et le bien-être de ses protégées.

Dans cette recherche de longue haleine, j’ai fini par tomber sur Christine & Bernard Nicollet chez Abeille & Nature. Apiculteurs passionnés et engagés pour l’abeille noire endémique, j’ai pu trouver chez eux formation, conseil et mes premières souches d’abeilles noires sélectionnées Apis Mellifera Mellifera L1758 selon la nomenclature des espèces. Merci également à Kelly Duqueine et au CETA de Savoie pour leur aide au brassage génétique de notre abeille noire.
Oui, j’insiste un peu : Apis Mellifera Mellifera et non pas Apis Mellifera Iberica.
Cette dernière est aussi une abeille noire, et au premier abord il serait bien compliqué de faire la différence entre une souche Mellifera et une souche Iberica (aussi appelée Apis Mellifera Iberiensis). C’est la morphologie de l’abeille qui va nous permettre de les différencier, plus facilement à l’aide d’une application développée spécifiquement pour l’abeille noire.

Alors vous allez me dire, oui bon l’Iberica est aussi une abeille noire, où est le problème ?
Eh bien, le souci c’est qu’on continue à déraciner une espèce pour l’installer ailleurs et que cela pose des problèmes de sensibilité aux maladies et aux parasites, elles ne sont pas habituées ni au climat ni à la flore ! Et par delà ça, on pollue la génétique des ruchers alentours car les mâles issus de ces colonies allochtones vont aller féconder les jeunes reines des autres ruchers jusqu’à 18 km alentour !
Ces croisements vont favoriser des caractères d’agressivité, de sensibilité aux maladies, de dépendance aux traitements contre le Varroa Destructor, la nécessité d’un sur-nourrissement automnal pour que la colonie passe l’hiver… sans garantie de retrouver ses abeilles au printemps.
Et l’apiculteur amateur va entrer rapidement dans le cercle vicieux de dépendance accrue aux produits et traitements du commerce apicole et épouser les méthodes de production professionnelles en changeant ses reines tous les ans…etc. Attention, je ne le blâme pas, s’il le fait c’est qu’il veut garder ses colonies en vie et produire un peu de miel. Mais c’est un mode de production voué à l’échec, année après année, avec une mortalité élevée.

Donc si je pouvais résumer ma pensée en une ligne, si vous souhaitez travailler avec une abeille noire endémique, assurez vous de sa provenance et de la méthode de production de cet essaim d’abeilles noires.
De nombreux sites internet où même des apiculteurs en France vous proposent de l’abeille noire. Ils créent un essaim en fin de saison et introduisent une reine "noire" fécondée en provenance d’Espagne ou du Portugal… vous aurez un essaim avec de l’Apis Mellifera Iberica ou de l'abeille"locale". Rien à voir avec notre abeille noire endémique.

Vous l’avez compris, je suis piqué par cette abeille qui est douce, productive, saine et plus autonome. Mais pour garder ces traits de caractère, il faut garder la génétique. C’est un travail très exigeant d’éviter les croisements, mais la méthode existe.

L'association des Bergers des abeilles est fondée en 2021. Elle œuvre pour former la nouvelle génération d’apiculteurs, sensibiliser à l’importance de préserver l’abeille noire endémique et favoriser son développement. 

Association des Bergers des Abeilles

Aujourd'hui, près de 90% des colonies d'abeilles en France sont des abeilles Buckfast (ou Frère Adam). Notre abeille endémique est réellement menacée d'extinction sans la résistance farouche des piqués de l'abeille noire. Les efforts à fournir sont importants pour garder les souches d'abeilles noires de façon naturelle. 

Aidez-nous à maintenir cet effort sur la durée : 
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